Et voilà, ce qui pourrait être rédhibitoire, au moins selon sa perspective à elle. Ça faisait quelques semaines qu’on communiquait en-ligne après que le site e-harmony nous lie ensemble et on commençait à patauger tranquillement dans les « eaux plus profondes » de la vulnérabilité avec nos questions.
C’était clair que, si je voulais que ça marche, il faudrait que je m’adapte à ses aspirations professionnelles et que je sois ouvert à des rôles non-traditionnels. Heureusement, j’étais prêt à m’y adapter ; même que le fait qu’elle soit pasteure la rendait encore plus intéressante à mes yeux. Ayant traversé ces eaux, les conversations ont continué et on a décidé de se fréquenter. Moins d’un an plus tard, on s’est mariés dans une petite église décorée avec des centaines de jonquilles.
On a fait des vœux ce jour-là qu’on avait écrit nous-mêmes. Une promesse a guidé notre cheminement ensemble plus que les autres promesses depuis notre mariage :
« Je vais poursuivre ta joie plus que la mienne. »
Avec ces paroles, j’ai promis de prioriser sa joie sur la mienne, de l’encourager à poursuivre ce qui lui apporte la joie la plus profonde. C’était un engagement de la soutenir lorsqu’elle vivait la poursuite de ses rêves; sa vocation de bénir le monde entier avec ses dons.
J’ai absorbé l’idée de John Piper qui croit que « la raison pour laquelle les couples sont tellement misérables n’est pas que les partenaires cherchent leur propre plaisir, mais c’est que les partenaires ne cherchent pas leur propre plaisir dans le plaisir de l’autre. » Il est convaincu que « le mandat biblique est que chaque époux/se cherche sa joie dans la joie de son époux/se. »
Vu que le but est de vivre la joie et non le bonheur (qui est éphémère), il ne s’agit pas de donner place à chaque envie et à chaque caprice. Un amour permissif et myope n’amène que le détriment et la dysfonction. Poursuivre la joie de son époux/se implique : écouter les désirs les plus profonds de son cœur, chercher à découvrir ses rêves et donner à ses espoirs la permission de grandir. Cela implique de suivre des étapes pour voir ses désirs se réaliser dans votre vie de couple, même s’il faut sacrifier quelque chose.
On a certainement viré à la dérive de l’égoïsme plus qu’une fois mais, en essayant de poursuivre la joie de l’autre depuis onze ans, on a réussi à devenir les personnes que Dieu voulait qu’on soit quand il nous a créées. Je crois qu’on vit jusqu’à un certain point ce que Frederick Buechner décrit dans son livre « Beyond words » : Un mariage « parfait » en est un où les deux partenaires s’épanouissent ensemble plus qu’ils auraient pu s’épanouir tout seul. »
De quelques manières, on essaie toujours de décider « ce qu’on veut être quand on va être grands » donc, pour nous, une grande partie de la quête de poursuivre la joie de l’autre est de se soutenir pendant les changements dans nos carrières. * Je l’ai soutenu pour ses formations continues et ses ministères dans l’église et elle m’a soutenu pour mon propre développement professionnel et mes nuits où je fais de la musique. On fait de la place pour des passe-temps qui nous apportent la vie : ses demi-marathons de 10 kilomètres, et mes voyages de pêche. Au niveau de la vie de parents, nous semblons trouver de la joie parmi le chaos et l’épuisement au point où on s’entraide à accepter la beauté du sacrifice et à se ralentir pour profiter des beaux moments ensemble en famille.
Vivre de cette manière n’est vraiment pas facile. Je dois lutter contre ma tendance à mettre mes désirs et ma volonté en priorité, surtout quand je suis épuisé et je crois que je mérite une pause. Le temps et les énergies sont des ressources limitées, donc poursuivre la joie de l’autre nécessite un sacrifice. Quand j’appuie son projet de suivre un cours de soir, j’accepte de m’occuper des enfants tout seul ces soirées-là et j’accepte d’être patient pendant les périodes de la session où elle est débordée de travaux. Quand elle appuie mon projet d'enregistrer un nouvel album, elle accepte de s’occuper des enfants toute seule pendant plusieurs soirées et d’endurer mes oublis, ce qui s’empire quand je me plonge dans le processus de la création.
Mais cela en vaut la peine! Plus loin, on va pouvoir reculer pour dire « Regarde tout ce que tu as fait! Regarde tout ce que Dieu a fait! On fait une belle équipe, n’est-ce pas? » C’est bon d’être fier de ma femme, de la voir s’épanouir pour devenir la personne que Dieu a créée. Sa joie devient la mienne lorsqu’on fête (ses accomplissements) ensemble.
La danse peut devenir maladroite parfois quand on lutte avec la question posée dans le podcast de la directrice de Vie de Famille Canada, Sharol Josephson : Comment est-ce qu’on peut tous les deux grandir pour exercer les dons que Dieu nous a accordés, tout en élevant une famille, en prenant le temps de s’aimer et de s’appuyer?
Une fois qu’on trouve le bon rythme, je vais peut-être rédiger une autre publication pour vous laisser savoir comment on y est parvenus, mais je suis convaincu de ce fait : Dieu est un père céleste qui est incroyablement généreux. Il attend avec impatience des occasions de nous envoyer de bons dons, des dons qui apportent de la joie. C’est juste qu’il veut nous entendre les lui demander.
Il y a une histoire biblique qui raconte une femme qui vient de perdre son mari. Désespérée de trouver un moyen de payer ses dettes et d’éviter que ses fils soient pris en esclavage, elle a supplié le prophète Élisée de l’aider. Il lui a demandé « que puis-je faire pour toi? Dis-moi, qu’as-tu à la maison? » Elle a répondu « ta servante n’a rien du tout à la maison qu’un vase d’huile. » Élisée, qui avait un penchant pour faire des requêtes bizarres, lui a dit « Va demander au-dehors des vases chez tous tes voisins, des vases vides, et n’en demande pas un petit nombre. Quand tu seras rentrée, tu fermeras la porte sur toi et tes enfants, tu verseras dans tous les vases et tu mettras de côté ceux qui seront pleins. » Derrière sa porte fermée, « ils lui présentaient les vases et elle versait. Lorsque les vases furent pleins, elle dit à son fils: Présente-moi encore un vase. Mais il lui répondit: il n’y a plus de vase. Et l’huile s’arrêta. » (2 Rois 4 : 1 à 7 LSG)
Il me semble que l’huile s’est arrêtée seulement parce qu’il ne restait plus de récipients. Je crois que c’est notre privilège d’aider nos époux/ses à trouver d’autres récipients à présenter à Dieu (et non quelques-uns) pour les aider à découvrir des talents, des dons et des passions émergentes que Dieu est ravi de remplir à ras bord, non seulement pour bénir notre partenaire et notre mariage, mais aussi la communauté dans laquelle nous vivons. Notre joie est complète lorsqu’on aide quelqu’un à « mettre au service des autres le don qu’il a reçu comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu. » (1 Pierre 4: 10 LSG) Cela fait du bien de voir son époux/se briller!
Quel est le prochain récipient que vous pouvez présenter à votre partenaire pour que Dieu le remplisse pour lui (pour elle)?
* Les lecteurs peuvent avoir l’impression que j’essaie de promouvoir l’égalitarisme du mariage et mes croyances sont sans doute évidentes, mais j'encouragerais tout le monde à faire des recherches, de prier et de décider pour soi-même de la question. Que vous appuyiez le complémentarisme ou l’égalitarisme, l’appel d’aider votre époux/se à s’épanouir reste le même, renforce un mariage et augmente la joie qu’on peut vivre en mariage.